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Portrait de Kamil Yayla, capitaine du FC Picasso
Timide, c’est ce qui ressort de l’entretien d’une trentaine de minute que nous a accordé Kamil Yayla, capitaine du FC Picasso. L’homme, qui célébrera dans un an ses trente printemps, est très droit dans ses bottes et quelqu’un de posé. Mais sa timidité reste à l’esprit. Elle est bien loin de l’image du défenseur autoritaire qui s’affirme à chaque intervention musclée les week-ends au gymnase Terray. Portrait d’un fidèle soldat du FC Picasso.
Il s’excuse presque d’avoir quelques minutes de retard. C’est pourtant compréhensible, chaque lundi et jeudi c’est une quarantaine de kilomètres qu’il parcourt pour être à l’heure à l’entraînement. Le numéro 5 habite Rives. Mais pour lui, c’est logique d’arriver à l’heure. D’entrée, il n’hésite pas à se livrer, tout en étant un brin timide dans la voix. « Ca fait dix ans que je fais du futsal», commence le roc. Impossible de ne pas lui demander si, comme beaucoup, il vient du foot à 11. « Bien sûr. J’ai commencé à l’âge de cinq et je n’ai jamais quitté les terrains. J’ai même joué à haut niveau, confesse-t-il avec le sourire. A 18 ans, je jouais en DHR avec Rives. » Pourquoi avoir arrêté alors ? « Moi, je jouais avec les seniors. Mais les fréquentations que j’avais non. Et eux n’étaient pas de bonnes fréquentations. » A ce moment-là, plus de place à la timidité et c’est l’homme qui a la tête sur les épaules qui prend le relai. « J’avais quelques amis qui jouaient au futsal à Rives. Ils m’ont proposé d’essayer et j’ai tout de suite adhéré. » Après cinq années passées chez lui, c’est avec les fourmis dans les jambes qu’il demande à un ami de la famille, un certain Mustapha Tasyurek (entraîneur du FC Picasso, ndlr), si son club recrute : « J’ai demandé à ‘Moos’ si je pouvais venir faire un essai. » A l’époque, le FC Picasso joue déjà en première division. Pas assez pour freiner l’ambition de Kamil : « Au début je m’entraînais avec l’équipe première et je jouais avec la réserve. Je faisais tout pour être dans le groupe. »
Première année de capitanat
Cinq ans déjà, que Yayla régale les spectateurs du gymnase Terray de sa technique et de son imposante rigueur défensive. Mais voilà, depuis le coup d’envoi de la saison, c’est au niveau de son biceps que quelque chose est venu se greffer : le brassard de capitaine. « Je pense que c’est lié à mon caractère. Dans mon métier, conducteur de chantier, j’ai l’habitude de diriger une quinzaine de personnes. Avant d’avoir été nommé capitaine, je parlais déjà beaucoup dans le vestiaire. Je les motivais. » Maintenant, la responsabilité et l’engagement sont encore plus grands. Surtout en ce début de saison compliqué : « C’est vrai que ce n’est pas facile. Je dois leur montrer que je suis le plus motivé et que je ne baisserai pas les bras. Si moi je lâche, comment espérer qu’eux continuent ? » Cependant, l’international turc voit une lueur d’espoir : « Les jeunes qui viennent d’intégrer le groupe sont très bien. Ils sont motivés. C’est la clé de tout. Avec de la motivation, le FC Picasso pourra créer la surprise où on ne l’attendra pas. » De bon augure à quelques jours d’un match crucial pour le reste de la saison. Ce dimanche, les Echirollois reçoivent Roubaix, adversaire direct : « Ce match, il va falloir le jouer comme si c’était le dernier. »
La consécration, pas la grosse tête
Il y a un an, Kamil connaissait sa première sélection en équipe de Turquie de futsal. C’est avec la nostalgie dans la voix qu’il se remémore : « Ca faisait plusieurs fois qu’un observateur de la fédération turque venait nous superviser. C’était quand même surtout pour ‘Miki’ (Mikaïl Gültekin, le gardien de l’équipe). Moi, j’avais écopé de plusieurs matches de suspension. Je pensais donc que ma chance était passée. Mais ‘Miki’ a parlé de moi et ils m’ont vu en vidéo. En mars dernier, on est donc partis au Kosovo faire un tournoi. C’était super. On se prenait pour des pros. Les autres joueurs turcs étaient vraiment très bons. Ils évoluaient tous en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique. C’était une belle expérience. », déclare l’international turc. Il reconnaît malgré tout que des progrès restent à faire : « Le futsal en Turquie est un peu en retard. Mais on est sur la bonne voie. D’une manière générale le futsal s’améliore d’année en année. » Une expérience internationale, la consécration et une fierté de porter les couleurs de la Turquie. Pas de quoi prendre la grosse tête. A bientôt trente ans, le capitaine échirollois ne rêve pas des sommets : « Je pense que je finirai à Picasso. C’est ma maison et je ne les lâcherai pour rien. Cette saison c’est compliqué, c’est sûr. Mais s’il faut rebondir en D2 pour mieux repartir, je le ferai. On est un club humble. Ça reste un loisir. Beaucoup de joueurs en France vivent du futsal. Nous, c’est la passion. » Une phrase qui vient clore un entretien mais surtout qui définit l’homme tel qu’il est. Un fidèle soldat avec les pieds sur terre.