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L’histoire du FC Picasso par Saïd Kalmani
Discuter avec Saïd Kalmani, c’est s’offrir une petite plongée dans l’histoire de Picasso. Le président est jeune – seulement 28 ans au compteur, mais a déjà fait un petit bout de chemin avec le club échirollois dont il nous retrace les grandes lignes avant son arrivée. « Picasso a vu le jour dans les années 80. C’est un des clubs pionniers en France avec Mistral, Teisseire ou encore Cannes la Bocca. Pendant longtemps, le futsal a été une activité, parmi d’autres, de la MJC Pablo Picasso. Dès le départ l’objectif était de l’utiliser comme un outil pédagogique en direction de l’insertion sociale, de l’insertion professionnelle etc. pour les jeunes du quartier. La MJC a été municipalisée en 2001. La décision a alors été prise de se structurer en association indépendante pour pouvoir organiser de manière autonome cette activité qu’est le futsal. »
Du monde associatif à président de club
C’est quelques années plus tard, aux alentours de 2007, que les chemins du jeune Saïd et du FCP s’entremêlent, presque par accident. « Je ne jouais d’ailleurs pas moi-même au futsal. J’étais un membre assez actif de plusieurs associations de jeunes sur le secteur mais je n’avais pas spécialement vocation à me diriger vers une association sportive. », se souvient Kalmani. Pourtant, le rapprochement opère. « Je suivais malgré tout l’équipe de près, le sport et son esprit me plaisaient bien, j’avais quelques potes dans l’équipe et j’avais même commencé à faire quelques déplacements avec eux. Parallèlement à ça, l’association connaissait un petit essoufflement, comme en connaissent toutes les associations à certains moments. Il y avait une volonté de renouvellement de la part de l’équipe dirigeante de l’époque, de passer le relais. On est alors venu me trouver pour me parler de la nécessité d’avoir des têtes nouvelles pour faire perdurer l’association et tout le travail effectué. Je me suis laissé convaincre par ces dirigeants qui voyaient en moi un futur président et j’ai intégré officiellement le club, c’était en 2008 il me semble, en étant accompagné dans un premier temps par les anciens qui ont assuré le relais et qui sont restés présents le temps de la restructuration. Et puis petit à petit on s’est mis à écrire notre histoire du FC Picasso.»
L’accès à l’élite
Une histoire entre rupture et continuité. Rupture, car dans le sillage de l’essor de la discipline en France, l’aspect sportif/compétition s’est naturellement renforcé. Continuité car le FCP n’oublie pas qui il est, d’où il vient et continue de s’appuyer sur les valeurs quasi familiales qu’il a développé au cours des années. « A mon arrivée, on a effectivement fait le « choix » de l’Élite », explique le président Kalmani. « Pendant longtemps, la vocation loisir a été dominante. Il faut dire qu’il n’y avait pas non plus de grosses compétitions à l’exception de la Coupe de France, qui était vraiment LE gros moment sportif de l’année. L’association restait surtout très concentrée sur les actions de proximité vers les jeunes du quartier. J’arrive en 2008, on voyait à ce moment là les prémices de l’essor de notre discipline, que le futsal commençait à bien se développer en France. On s’est donc dit que pour pouvoir perdurer, il était important de pouvoir développer une vraie section élite, avec une équipe compétitive.»
En un mot, une vitrine. L’opération est un succès. Tout en gardant son identité – aujourd’hui encore la grande majorité des joueurs de l’équipe 1 a été formée au FCP et la plupart des « recrues » sont issues du large bassin grenoblois – Picasso gravit petit à petit les échelons, reculant parfois d’un petit pas pour pouvoir mieux sauter. Aujourd’hui, le club échirollois fait ainsi partie de l’élite du futsal français. Lors de la réception du Sporting Paris, en janvier dernier, plus de 700 personnes se sont amassés dans les travées du gymnase Lionel Terray. « On a réorganisé doucement les choses, d’année en année. On s’est également très vite mis au travail sur les jeunes puis sur les féminines. Concrètement, aujourd’hui nous devons bloquer à 200 licenciés et ce n’est pourtant pas la demande qui manque. L’équipe fanion ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Nous ne voulons pas développer un club qui ne repose que sur une équipe. Notre objectif est d’allier la passion du sport sans oublier pour autant la vocation « sociale » que doit avoir une association comme la notre.»
Des défis à relever
Le FCP a su construire son présent sans renier pour autant son passé. Pas une mince gageure quand on sait qu’aujourd’hui la tendance au sein des clubs d’élite français est plutôt de faire appel à des joueurs étrangers et de consacrer la quasi totalité du budget à l’équipe fanion.
D’ailleurs, même si ses bases sont solides, Picasso va devoir continuer à relever les défis à l’avenir. Le développement économique sera le premier d’entre eux. « L’argent reste malheureusement le nerf de la guerre. Aujourd’hui ça reste financièrement compliqué, nous avons un des plus petits budgets du championnat de France. On a la chance d’avoir une ville qui nous soutient depuis toujours mais on sait que les collectivités connaissent également des difficultés. Sur le privé, on sent que les choses se débloquent, surtout à Paris et dans le Nord. Mais notre discipline manque peut-être encore de visibilité, de retour sur investissement. »
Kalmani ne se montre pour autant pas fataliste. « Les choses avancent, on ne désespère pas ! On s’est mis le petit défi cette année de créer un espace partenaire lors de nos matchs à domicile pour donner envie, pour faire découvrir notre club à des gens qui ne connaissent pas forcément le sport ou notre équipe. On fait venir les amis, les amis des amis : le développement économique d’une association comme la notre se fera par les réseaux. C’est un travail sur le long terme, sans effet immédiat mais on sent que ça plait. »
On rappellera en conclusion que l’entrée pour tous les matchs au gymnase Lionel Terray est gratuite. Le risque d’addiction est en revanche fortement probable…