Loic Legrand (Pôle Sud) : « Des matchs intenses tous les week-end »

Loic Legrand (Pôle Sud) : « Des matchs intenses tous les week-end »

Nous avons rencontré à la fin du mois de juillet le manager général de Pôle Sud 38 Loic Legrand. L’occasion de faire un tour d’horizon complet des sujets concernant le club de handball eybinoi-échirollois dont l’équipe 1 féminine accède à la D2 cette saison.

La montée en D2 : qu’est ce qui a fait la différence ?

L’expérience des années précédentes, la capacité des filles à comprendre qu’elles étaient capables de le faire, puis l’arrivée de Vanessa (Jelic) qui a fait énormément sur cet apport d’expérience. Cela nous a permis d’avancer. Après nous avions un groupe sain . Et nous au niveau du staff on a réussi à créer des choses même si c’était compliqué entre les départs, les arrivées, les cadres qui stoppaient. Il fallait créer l’alchimie et assumer nos ambitions.
Après il y a eu des étapes importantes, des matchs clés, des défaites de nos adversaires qui nous remettent aussi dans la course. La victoire à Plan de Cuques (25-24 le 18 avril) est aussi essentielle, je sais que derrière on doit monter, qu’on ne peut pas y échapper. Cela faisait 7 ans qu’on n’avait pas gagné là-bas et ce qu’ont montré les filles ce jour là sur le terrain est exceptionnel.
On a des difficultés derrière malgré un calendrier favorable à cause de cette peur de monter mais on ne fait pas de faux pas. Le match contre Narbonne à la maison est symptomatique. On en ch.. parce qu’on a peur d’y aller.
Ce fut une année longue et épuisante mais vu le résultat finale c’est forcément une année géniale.

Les échecs des années précédentes

La 1ère non montée ce n’est pas du tout un échec car c’était déjà une surprise pour nous de se retrouver à ce classement là. On montait en N1, on visait le maintien et on aurait été content d’être dans le Top 6. Après on est sur une dynamique, on a une belle bande de potes… On rate la montée pour un but donc forcément il y a de la déception mais ce n’est pas un échec. Je me dis même avec le recul que ça aurait été trop tôt à ce moment là.
L’année d’après oui on annonce la montée donc forcément c’est un échec. On tombe cette année là sur une équipe de Bourg-de-Péage qui arrive très solide. Le match qu’on doit gagner chez elle on le gagne pas.

Vanessa Jelic

En dehors de la handballeuse d’expérience et de qualité on a trouvé une nana géniale. C’était un vrai projet. C’est la plus belle recrue que j’ai fait de toute ma carrière. Elle a un caractère de folie. Dans la transmission elle a été géniale. Elle a su apporter aux filles mais aussi au staff. Moi aussi quand j’ai pris conscience que j’allais entraîner une nana qui avait été en équipe de France A j’avais un peu les genoux qui claquaient à la 1ère séance.
Elle a joué le jeu – on l’a pas fait jouer sur son poste et elle s’est impliquée à fond sur le projet. Je sais qu’elle n’a pas passé la plus belle de ses années sur le plan sportif. Je pense même qu’elle s’est plus emm….. par moment qu’autre chose. Mais elle a fait le boulot. Elle nous a apporté son expérience du haut niveau, y compris sur les choses à faire et à ne pas faire.

Il ne faut pas oublier les 15 autres nanas qui étaient à côté et qui sont allées à la mine. Ce n’est pas une personne qui nous a fait monter et c’est justement ça qui a fait notre force. On avait d’ailleurs peut-être pas le meilleur 7 de départ mais on avait un groupe homogène

Le nouveau coach

Le choix le plus important a été l’entraîneur à partir du moment où j’ai décidé d’arrêter. Il fallait trouver quelqu’un qui accepte de prendre le relais et de passer derrière moi. Je suis loin d’être une star mais je suis quand même bien ancré à Pôle Sud et c’est toujours compliqué de prendre une équipe qui monte.
Après Borisa c’est un pote. On a été adversaire sur le banc. On a sympathisé avec le temps. Il y a trois ans on s’est rencontré. On s’est mis autour d’une table. Et à la fin on s’est dit qu’on allait monter un projet ensemble. Depuis trois ans on essaye. Lui c’est un mec d’honneur. Il avait un contrat jusqu’en 2015 et il voulait aller au bout même si chaque année je le branchais un peu. Je suis donc retourné le voir à la fin de son contrat. Sa 1ère réponse a été non parce qu’il voulait à tout prix qu’on entraîne ensemble.

La fin de son expérience d’entraîneur

Jusqu’à cette année j’avais deux casquettes : manager général et entraîneur. Mais tu te rends compte au bout d’un moment que les gens te perçoivent plus comme l’entraîneur de l’équipe et que quand t’as des choses à amener dans l’autre cadre tu manques de légitimité. Puis ça fait 5 ans que je suis à bloc, j’ai une vie de famille. J’avais envie de passer de l’autre côté définitivement.
J’ai mis deux mois pour prendre la décision. Ce rôle m’intéresse car je vais aller vers de nouvelles compétences. Je ne dis pas que le handball m’ennuie mais là je sens que j’ai un peu fait le tour du truc même si j’ai toujours l’envie d’entraîner un jour à haut niveau.
Je m’attends pas à avoir un manque. Je vais d’ailleurs entraîner des jeunes car ça m’intéresse de transmettre. Je sais que je vais certainement encore intervenir, Borisa m’a demandé de faire une ou deux séances avec lui de temps en temps, donc je ne vais pas complètement couper. Mais j’ai envie d’être de l’autre côté et je pense que c’est bien pour tout le monde qu’il y ait plus de transparence et de clarté dans les rôles de chacun. On n’est pas prêt aujourd’hui en France à être dans ce rôle de manager à l’anglaise. Je continuerai d’apporter ma pierre à l’édifice mais différemment. Je me suis tapé des journalistes avec plaisir mais ce sont des choses qui sont contraignantes. Mon vendredi était pratiquement dédié à ça et c’est d’autres boulots qu’on ne fait pas.

Les autres équipes du club

On a raté la montée en prénat pour l’équipe réserve. Le projet est d’accéder à la N3 pour réduire l’écart entre nos deux équipes et faciliter le recrutement. En équipe 3 on souhaite faire monter des U18 qui se sont maintenues dans la difficulté en championnat de France mais qui se sont maintenuse.

En dessous le message que j’essaye de faire passer c’est « je m’en fous du niveau ». Le club va bien, les garçons sont montés en prénational également.

Les finances du club

Financièrement ce fut compliqué avec une année très difficile mais on ressort la tête de l’eau. Les bénévoles ont mis la main à la pâte et nous ont permis d’exister.
Aujourd’hui c’est difficile, on est une association, on ne peut pas faire d’emprunt. Il faut qu’on trouve 200 000€ mais ce qui est intéressant c’est l’engouement autour de la D2.
Message que l’on essaye de faire passer dans notre recherche de partenaire c’est l’intérêt d’associer son image à un sport féminin, en sortant des caricatures nationales. Tous nos partenaires qui sont un peu venus à reculons sont toujours revenus derrière. Ils ne pensaient pas qu’il pouvait y avoir un tel niveau d’intensité dans le sport féminin. On est quand même dans un sport de combat même si on n’est pas le rugby, il y a des contacts. On reste aussi un club familial même si de haut niveau, même si on est de plus en plus business. Et surtout leur dire que chez nous ils feront du business. Ils ne viennent pas juste mettre de l’argent. On doit arriver à leur proposer d’être un accélérateur de mise en relation, ne serait-ce qu’avec les communes, d’autres professionnels. L’idée dans notre discours c’est de leur dire « tu mets 100, tu repars avec 101 ; si c’est 110 c’est mieux ». L’avantage aussi c’est qu’on est moins cher que les autres.
On n’est ni meilleur ni moins bon que les autres, on fait avec nos forces et nos faiblesses, on essaye de s’inspirer de ce que peuvent faire les autres

L’idée est également de parvenir à créer un club d’entreprises qui permette de faire de l’argent hors temps handball.
C’est plus facile quand on implique les gens, quand on les concerne. Cela devient aussi « leur » projet. Au-delà d’une simple participation,

Le projet sportif

Là c’est la maintien, en serrant les fesses. Le plus dur cette année va être d’apprendre à perdre. En trois ans on a moins de 12 défaites. Il a un vrai écart de niveau avec la D2. Là on aura des matchs intenses tous les week-end. J’aime bien le discours que leur a tenu le coach : vous avez voulu la D2, vous l’avez.
L’ambition des dirigeants est d’être en D1 dans 5 ans mais ça passera déjà par augmenter le budget. Il faut avoir 700 000€ pour monter en D2 (là on vise 450 000, l’an passé on avait 250 000)
Il faut faire ça par étape : arriver à se maintenir, puis passer en société,

On arrive peut-être au bon moment puisque cette année il y aura une seule descente. L’entraîneur dit que ça passera par 10 victoires donc ilfaudra être fort à domicile déjà, même si on sait qu’il y a des « intouchables ». Nous on est vraiment des petits poucets mais on peut être ce petit village gaulois qui résiste encore et toujours. Le public peut avoir un rôle important. On l’a vu l’an passé quand il est passé de spectateurs à supporters.

supporter pole sud

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