Le rêve américain de Yann Martinez

Le rêve américain de Yann Martinez

Ancien joueur du FC Échirolles, où il a fait toutes ses classes, Yann Martinez a fait le choix de tenter l’aventure outre-atlantique, avec l’Université de West Alabama et les « Tigers ». Il nous raconte son quotidien aux Etats-Unis et son étonnant parcours.




Bonjour Yann, peux-tu tout d’abord nous faire un petit historique de ton parcours footballistique ?

J’ai commencé à jouer au foot à l’âge de 6 ans au FC Échirolles. A vrai dire, j’ai toujours été attiré par ce sport, je ne sais pas pourquoi car à la base ma famille est beaucoup plus tourné vers le cyclisme. Ma mère ne voulait d’ailleurs pas que j’attaque trop jeune le foot du coup j’ai fait deux ou trois ans de judo avant de pouvoir enfin commencer à pratiquer la discipline.

Je suis toujours resté au FCE, c’est la première fois que je partais d’Échirolles quand j’ai décidé d’aller aux États-Unis.
J’ai toujours évolué dans les équipes premières du club, j’avais débuté en tant que gardien étant très petit puis latéral droit et enfin au poste de milieu défensif. Cela fait d’ailleurs peu d’années que j’y suis réellement fixé, avant je changeais beaucoup de poste.
En U15, j’ai notamment fait partie de l’équipe d’Isère mais l’aventure pour moi s’était arrêtée juste avant le tournoi inter-régional mais ça m’avait fait vivre une belle expérience.
Cette même année, j’aurais pu également rejoindre Grenoble, qui était alors en 14 Fédéraux mais j’ai fait le choix de rester à Échirolles.

Comment as-tu fini par te retrouver à jouer pour une Université américaine ?

Yann Martinez 4Au sortir de ma saison de U19 – où on avait fini champion de Ligue Promotion, durant laquelle j’avais commencé à disputer des matchs avec les équipes séniors, l’idée de partir vers d’autres horizons avait déjà fait son petit bout de chemin dans ma tête.
Je voulais connaître autre chose pour évoluer. Dans un premier temps, j’avais regardé pour partir en Suisse et puis sur Internet, par le plus grand des hasards, j’étais tombé sur une annonce d’une agence qui faisait partir des jeunes joueurs français dans des universités américaines. J’en avais parlé avec un collègue à moi qui était parti par ce biais, pour voir si c’était vraiment sérieux. Les premiers contacts se sont fait comme ça entre moi et l’agence.

L’objectif était vraiment de partir grâce au foot et rien d’autre. Je voulais tenter ma chance pour ne pas avoir de regrets.

Au final je me blesse assez gravement donc ça reporte d’une année le projet mais tout au long de ma convalescence je suis resté en contact avec l’agence et j’en ai profité pour faire les démarches administratives, qui sont assez lourdes, pour pouvoir partir.

Et là tu finis par débarquer en Alabama… Comment cela se passe pour toi, au niveau foot mais aussi dans ta vie de tous les jours ?

Yann MartinezJe parviens à rejouer en revenant de ma blessure et en décembre les premiers contacts se font avec deux universités. Rapidement je décide de m’engager avec l’Université de West Alabama qui me proposait un beau projet et une belle bourse pour me faire venir.
Le modèle de vie est assez différent de ce que je connaissais. Déjà là où je suis c’est une toute petite ville, un village même, il n’y a pas grand chose à faire et ce qui fait vivre la ville c’est vraiment l’Université. C’est parfois difficile de pas avoir grand chose à faire mais ça me laisse le temps de travailler correctement en dehors du terrain pour tout ce qui est préparation physique, musculation etc…

La journée s’organise de la sorte : 2 à 3h de cours qui sont en général le matin et l’après-midi on s’entraîne. Tous les jours sauf le lundi où on a un jour « out » et où on peut souffler.

La saison est très courte, elle dure simplement de septembre à décembre mais on joue tous les vendredis et dimanches donc c’est super éprouvant. Il faut vraiment bien être organisé entre les cours et le foot pour s’en sortir mais en général les profs sont assez cool. On manque pas mal de cours mais ils sont compréhensifs et nous laissent du temps pour tout rattraper.

Quelle est la place du « soccer », par rapport aux autres sports dans ton université ?

Le soccer a une place assez importante dans l’université car c’est un des sports où l’on rafle tout avec la country je crois. Le football américain a une équipe bonne mais qui ne gagne, en général, pas de titre. Le basket c’est pareil et le baseball c’est pas mal, ils ont gagné aussi l’an dernier. Après, peu de monde vient à nos matchs. Il y avait du monde pour la finale mais en général ce n’est pas énorme, aux alentours de 100-200 je dirais.

Tu disais que vos résultats étaient bons ?

Yann Martinez 2Effectivement, pour ma première année on a même fait une saison historique. La saison se découpe en deux parties : tu as la saison régulière où tu joues toutes les équipes de ta conférence et qui te donne un classement. Pour la première fois de l’histoire de l’université, on a remporté la saison régulière et donc on a eu le droit d’accueillir les play-off, qu’on a remporté aussi !
L’équipe avait déjà remporté les play-off l’an passé mais c’est la première fois que l’université fait le doublé car c’est vraiment deux titres indépendants c’était fou de gagner ça à domicile !

Pour la première fois aussi on a participé au tournoi NCAA qui est le tournoi national. On a été dans les 4 meilleures équipes de tout le Sud des USA. On est allé pas loin de Miami pour jouer les quarts de finale régional mais on a perdu au premier match.

Es-tu un des rares étrangers à évoluer au sein de ton équipe et quel est ton bilan un peu plus personnel ?

Non l’équipe est assez européenne car le coach est Irlandais du coup on a pas mal d’Anglais, d’Ecossais… Il y aussi deux autres Français. On pratique donc un football assez européen et c’est agréable.

Sur le plan personnel, grosse satisfaction car je me suis fait ma place dans l’équipe après des débuts un peu compliqués. Dès lors que je suis rentré, je ne suis pas ressorti de l’équipe et je me sens vraiment de mieux en mieux.

Comment envisages-tu la suite pour toi sur place ?
Pour la suite on verra. Je suis entrain, avec l’agence, de chercher une équipe pour jouer dans une ligue d’été semi-professionnelle à partir de mai.
Comme je te l’ai dit la saison est finie, donc de janvier à mai, on s’entraîne seulement avec des amicaux et pas mal de travail physique. Durant l’été, on a le choix de rentrer à la maison ou d’essayer de jouer en semi-professionnel, c’est ce que je veux faire.
C’est là qu’on peut vraiment se montrer et qu’on bénéficie d’une meilleure exposition. J’ai quelques contacts mais je dois attendre la fin de la période des fêtes pour que ça avance.

Après le but est forcément de passer professionnel, aux USA ou en Europe, je ne me ferme aucune porte mais je m’en donne les moyens en travaillant très dur chaque jour.

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